Le dimanche 22 mai 2011 à 06h00 par Isabelle Goupil
Le Dr Le Ruz a expliqué scientifiquement, mais pédagogiquement, les dangers pour la santé d'une exposition continue aux hyperfréquences, d'autant plus quand les valeurs d'exposition sont, comme à Villeneuve, supérieures aux seuils admis. © Photos F. V.
Depuis trois ans, l'association villeneuvoise Un mât pour les ondes - forte de 290 adhérents - se bat pour que soient déplacées les antennes relais installées sur le château d'eau, en plein coeur du village. Aujourd'hui, outre quatre enfants du groupe scolaire Alfred-Sauvy gravement malades, il y a urgence : la communauté d'agglomération, compétente, a jusqu'au 11 juin pour dénoncer deux des trois contrats qui la lie aux opérateurs de téléphonie mobile Bouygues et SFR. Mais l'association se heurte, selon sa présidente Maryse Batlle, à "une partie de ping-pong" entre le président de PMCA, Jean-Paul Alduy, et la député-maire et vice-présidente de l'Agglo, Jacqueline Irles, qui s'est brièvement entretenue hier matin avec le Dr Pierre Le Ruz, mais qui n'a pas assisté à l'instructive conférence de ce dernier devant une centaine de personnes avides d'information.
Le Dr Le Ruz, neuro-physicien, président du Criirem (1), expert européen en nuisances électromagnétiques et en radioprotection, a détaillé les diverses études scientifiques en la matière, expliqué la réglementation applicable et les effets sur la santé des ondes électromagnétiques émises par les antennes relais.
L'information que vous délivrez est-elle celle d'un scientifique ou d'un militant ?
C'est celle d'un scientifique. Au Criirem, nous dénonçons les installations d'antennes relais dangereuses pour la santé des habitants et parfois illégales. Et ici à Villeneuve-de-la-Raho, il y a plein de choses illégales. Notre rôle est de faire respecter la réglementation.
En quoi les installations sur le château d'eau de Villeneuve sont-elles illégales ?
La puissance des antennes, tout d'abord, dont cinq d'entre elles émettent en direction de l'école. Même à 50 mètres du château d'eau, les émissions sont supérieures à 3 volts/mètres, qui est la limite autorisée par la directive européenne 2004/108 et la norme française 61000. Les normes de compatibilité électromagnétique ne sont donc pas respectées. C'est pourquoi l'Afsset (2) a décrété la commune comme 'lieu atypique'. Son site supportant les antennes devrait être éradiqué. Ensuite, deux antennes surplombent une propriété privée, ce qui est interdit. Le périmètre de sécurité est délabré, les pictogrammes de sécurité obligatoires sur le château d'eau sont absents, ce qui là encore est illégal. Enfin, les équipements des antennes relais sont à l'intérieur du château d'eau, ce qu'interdit pourtant la circulaire du 6 janvier 1998 de la Direction générale de la santé. Car on sait que les ondes électromagnétiques modifient le spectre de l'eau. Bref, il y a ici un non-respect de la loi dont pourrait être saisi le procureur de la République.
Est-il aujourd'hui scientifiquement prouvé que les ondes électromagnétiques sont néfastes pour la santé ?
Les premiers soucis, et donc les premières études, ont commencé en 1978 à l'ambassade américaine à Moscou où l'on constatait un taux anormal de leucémies chez le personnel et leurs enfants. Les murs étaient truffés d'appareils d'écoute ! Les personnels étaient exposés en permanence à des ondes de 9 à 19 v/m ! Mais c'étaient des ondes pulsées. Depuis 1998, on a identifié les troubles neurologiques et endocrino-immunitaires liés aux hyperfréquences. En 2009, la cour d'appel de Paris a admis que les effets sur la santé des antennes relais étaient reconnus par la majorité de la communauté scientifique. Excepté bien sûr, les scientifiques pris dans des conflits d'intérêts...
Pourquoi les politiques sont-ils réticents à prendre en compte ces problèmes ?
A cause du lobbying des opérateurs, qui s'exerce notamment à la commission européenne, mais aussi auprès des maires. Cependant, la pression des associations fait de plus en plus peur aux opérateurs. Dans votre département par exemple, le maire de Porta refuse toute installation d'antennes relais sur des bâtiments publics. C'est une volonté politique. Le maire de Villeneuve n'a pas envie de bouger, mais attention ! Les installations sur le château d'eau sont illégales et s'il y a un accident, je ne voudrais pas être à la place des responsables. Il n'y aura pas de cadeau des assurances et il y aura des retombées judiciaires.
Notre ami James Collet, 43 ans, kinésithérapeute ostéopathe à Saint-Génis-des-Fontaines, vient de décéder des suites d’une longue maladie…
Nous souhaitons par le présent texte, rendre hommage à sa personne, mais plus encore à son combat et, bien au-delà, au symbole qu’il nous lègue : un symbole transcendant, entier et sincère…un symbole qui respecte une notion universelle : celle du principe de précaution, du respect des autres, des dérives de la science et des risques inconsidérés, liés à la l’appropriation aléatoire par l’homme du progrès, ainsi qu’à la transgression possible ou avérée de ses limites…
A l’évocation de James Collet, apparaissent pêle-mêle comme autant d’images fécondes : ses témoignages poignants, ses prises-de-paroles révoltées, ses souffrances si intimement dissimulées mais toutefois si humainement visibles, bribes de vie que nous saluons et respectons, et ce dans l’esprit et dans la démarche qui nous animent …
À l’analyse et à l’inventaire de tout cela, par-delà la disparition de l’homme, UMPLO souscrit pleinement au combat de James Collet, qui – en sa pleine âme et en sa pleine conscience – s’est engagé dès la première heure dans la voie du principe de précaution, et qui s’est de fait opposé avec véhémence au maintien et à la pose des antennes de téléphonie mobile – qu’elles aient été, qu’elles soient ou qu’elles persistent à être installées à Saint-Génis-des-Fontaines, à Montesquieu-des-Albères, ou à Villeneuve-de-la-Raho…
Mais l’heure n’est pas en ce jour de deuil, James, ni à récupérer tes sentiments, ni tes pensées, ni à les utiliser, dans le combat que tu as engagé et que tu as mené à chaque instant… Respect et décence obligent !... Ton message, James, c’est de nous montrer la voie que tu as fixée, de nous guider avec la force que t’a malheureusement imposée ta maladie, dans une action légitimement menée au service, au bien-être et au bonheur de nos enfants et des générations futures…
Bien qu’aucune idée, ni qu’aucun concept ne vaille réellement une vie, tu t’es battu et tu t’es sacrifié à tes principes et à tes convictions : des idées certes indéniables, parce que c’est ton cœur qui les a exprimées et qui les a mises en lumière. Au-delà de tes forces-mêmes, identifiées, limitées…tu as lutté jusqu’au bout de toi pour disparaître au final...
James, comme une icône vive, tu as beau, dans notre mémoire forgée d’images chaotiques, mais ô combien nécessaires, t’élever de ton fauteuil roulant, en vertu-même du principe de précaution que tu professais inexorablement, tes cris de souffrance, de révolte et d’espérance seront pour bien longtemps, au bout du compte, gravés en nous comme des éclats de courage et de foi…
Adieu James… Par respect pour ton abnégation, pour ton sacrifice et pour ton désir d’être humblement - mais si universellement, cependant - utile à tous ceux qui forment le monde humain qui t’entoure…. un seul petit mot, qui obscurcit et illumine en définitive la conscience de chacun d’entre nous : Merci !...
"Je ne sais pas où je serai demain mais je voudrais que la vie soit une priorité, que les principes de précaution s'appliquent systématiquement, le temps de démontrer scientifiquement les choses. Je remercie toutes les personnes qui comprennent ce message et qui se chargeront de le transmettre. Je veux dire à mes enfants que je suis en eux pour l'Eternité, que la vie est belle quand on en défend les valeurs."
James Collet
http://umplo.blogspot.com/2010/07/james-collet-au-revoir.html
